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Article de l’Humanité sur la fin de grève à Babou Bagnolet

jeudi 3 novembre 2016, par Admin UL CGT Bagnolet

http://www.humanite.fr/la-belle-aventure-des-babou-de-bagnolet-619303

Après trois semaines de grève, les salariés de l’enseigne d’articles à bas prix ont repris le travail, hier matin, après avoir obtenu gain de cause sur les conditions de travail.

« Une belle aventure ! » C’est ainsi qu’une militante CGT de l’union locale de Bagnolet (Seine-Saint-Denis) qualifie la victoire des salariés du magasin Babou de la ville, qui après 24 jours de grève ont obtenu gain de cause sur la majorité de leurs revendications. « Même eux ne pensaient pas en arriver là, lâche cette cégétiste de la première heure. Ils ne revendiquaient pas des augmentations de salaires. Non, juste de travailler dans la dignité. Et ils ont gagné ! »

Depuis le 3 octobre, 17 des 18 salariés de cette enseigne d’articles à bas prix étaient en grève pour obtenir des gérants du magasin une chose simple mais essentielle, le respect. Et pour cause, les salariés étaient confrontés quotidiennement à des réprimandes, à des humiliations et subissaient des sanctions en cascade pour des motifs futiles, comme un blâme pour « mauvaise gestion du temps d’habillage » infligé à une salariée qui a pris 7 minutes au lieu de 5 pour enfiler ses vêtements
professionnels… Ou encore un avertissement pour un jour d’absence pour maladie, sans compter les modifications horaires imposées à la dernière minute.
Des engagements sur le paiement sans retard des salaires

La grève a démarré trois ou quatre jours après le licenciement pour faute lourde d’un salarié après une altercation avec un collègue. « Dès le premier jour, les grévistes ont reçu un avertissement, rapporte Jean-Pierre Blouch, secrétaire de l’union locale CGT de Bagnolet, qui a soutenu les salariés dans leur mouvement. Depuis l’arrivée des gérants au printemps 2015, les avertissements pleuvaient. Pas du tout formés à la gestion des personnels, ils ont fini par se mettre tout le monde à dos. » Pour le syndicaliste, c’est le « système Babou » qui a permis ces dérives. « Les gérants sont aussi, d’une certaine façon, victimes du système. C’est le groupe qui a la mainmise sur la gestion financière. Les gérants voient passer les chiffres, mais tous les bénéfices sont versés à Babou, qui redistribue ensuite aux mandataires. Et si Babou les paye le 5 du mois, ces derniers ne peuvent pas payer leurs salariés avant. On a recueilli des témoignages d’anciens gérants qui nous ont raconté avoir travaillé des heures et des heures pour un paiement aléatoire. Le groupe leur faisant croire qu’ils vont s’enrichir, sauf que c’est bel et bien Babou qui s’enrichit… »

Après trois semaines de grève et plusieurs séances d’âpres négociations, auxquelles participait l’inspection du travail, les salariés ont fini par arracher de réelles avancées lors d’une ultime séance qui s’est tenue mercredi jusqu’à 22 heures : parmi elles, le retrait des sanctions autoritaires et abusives, la mise en place d’un calendrier de négociations sur les conditions de travail, des engagements sur le paiement sans retard des salaires, l’arrêt des modifications unilatérales des horaires de travail. « Et même le paiement d’une semaine de grève », se félicite Jean-Pierre Blouch.

Seule ombre au tableau, la réintégration du salarié, Jean-Claude Ribesois, licencié après douze ans d’ancienneté, n’a pas été obtenue. Mais le syndicat CGT s’est engagé à le soutenir dans sa démarche aux prud’hommes de Bobigny pour obtenir réparation du préjudice subi. « Nous n’avons pas réussi à monter un rapport de forces suffisant pour obtenir la réintégration de Jean-Claude. Et pour la direction du magasin, c’était un point non négociable », regrette Jean-Pierre Blouch, précisantque le syndicat « sera à ses côtés tout au long de la procédure ».

Les salariés, eux, retiendront qu’ils ont réussi à créer un collectif face à la direction. Massivement soutenus par la population et leurs clients, ils ont repris le travail hier matin. La tête haute, avec l’espoir de ne plus venir travailler la boule au ventre.