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77e Commémoration de Châteaubriant.

mardi 23 octobre 2018, par Admin UL CGT Bagnolet

Discours lu par Michel Venon, secrétaire général de l’Union locale CGT de Bagnolet-les Lilas, lors de la commémoration des fusillés de Châteaubriant du 22 octobre 2018

Monsieur le Maire,
Monsieur le Député, représenté par Corinne BENABDALLAH,
Madame la Députée honoraire,
Madame la Conseillère Régionale Honoraire,
Mesdames, Messieurs les Conseillers Municipaux,
Mesdames et Messieurs des associations des anciens combattants,
Mesdames, Messieurs,
Cher (e) Camarade,

Notre présence aujourd’hui face à ce monument ne doit rien au hasard et n’est encore moins une réponse à une volonté de récupération quelle qu’elle soit.

En effet depuis peu, certains hommes politiques souhaitent s’accaparer l’image et la mémoire d’hommes et de femmes qui ont donné leur vie pour combattre le nazisme, la xénophobie et la haine de l’autre.

Ils se sont battus, ils ont résisté, parce qu’ils croyaient en l’homme, en la liberté et l’égalité.

Le 22 octobre 1941, ils furent 27 à tomber sous les balles assassines de l’armée allemande.

Vous le savez, ce crime a eu lieu dans la carrière de la Sablière, près du camp de Choisel, à Châteaubriant.

Le même jour, 16 autres otages étaient fusillés à Nantes et 5 au Mont Valérien. Deux jours plus tard, ils étaient 50 à être exécutés à Souges. Le 15 décembre 1941, les nazis viendront encore prélever 9 otages au camp de Choisel.

Ils étaient aussi habités par une volonté de transformation sociale. Ils étaient communistes, et plusieurs d’entre eux, syndicalistes CGT. Châteaubriant fut une rude épreuve pour la CGT. Parmi ces fusillés se trouvaient des grands dirigeants de fédérations de la CGT (Jean Grandel, des PTT, Désiré Granet, du Papier-Carton, Charles Michels, des Cuirs et Peaux, Jean Poulmarch, des Produits chimiques, Jean-Pierre Timbaud, des métaux, et le Bagnoletais, Jules Vercruysse, du Textile).
Ce qui rassemblait ces hommes, c’était une soif d’idéal, une passion pour la justice sociale et la liberté, une aversion pour l’oppression, un amour de la France. Car tous étaient des résistants de la première heure.

Il faut rappeler que la plupart de ces héros de Châteaubriant avaient été frappés par la répression dès le commencement de la drôle de guerre en 1939 et 1940. Ils avaient été alors privés arbitrairement de leurs mandats politiques, écartés par la force de leurs fonctions syndicales.

Ils prendront le chemin de l’honneur, celui de la lutte contre le régime de Pétain et des occupants nazis.

Mais ces derniers ne l’entendaient pas ainsi. Il fallait faire un exemple, empêcher les premiers actes de résistance et tuer dans l’œuf tout espoir. Il fallait créer la peur.
On le sait, c’est le contraire qui advint. L’écho des fusillades a été entendu le jour de l’exécution. Le soir même la sablière est fleurie par des patriotes, le lieu est devenu depuis ce jour un lieu de recueillement.

Le sacrifice de nos camarades a finalement donné du courage. Des grèves furent déclenchées, à l’exemple de celle des ouvriers de l’Arsenal de Brest le 25 octobre.
Nous ne devons pas effacer des mémoires ce qu’a été le rôle de la classe ouvrière pendant cette guerre totale.

On tente de nous convaincre chaque jour qui passe que notre combat de transformation, de progrès social est un combat du passé, d’arrière-garde dans ce nouveau monde et que, pour cela, il faut cesser de regarder en arrière. Quelle belle supercherie !

Mais que veulent-ils que nous oubliions ? Que dans les heures sombres de la guerre, le grand patronat avait choisi le camp de l’ennemi, criant comme en 36,
« Plutôt Hitler que le Front populaire », rêvant de se venger de son humiliation des acquis du Front populaire, de ces militants qui avaient eu l’affront de lui arracher des avancées sociales majeures : semaine de 40 heures, congés payés et premières conventions collectives.

Nous refusons d’oublier, et nous affirmons, haut et fort, que ce passé est notre fierté. Nous avons une dette vis-à-vis de ces militants. Les mots inscrits, peu avant l’exécution, par Guy Môquet, qui rappelons-le, n’avait que 17 ans, sur une des planches de leur baraque : « Les copains qui restez, soyez dignes de nous ! » ne doivent pas tomber dans les oubliettes de l’histoire. Ils font partie du combat syndical. Elle doit être enseignée aux jeunes générations car elles ont beaucoup à y puiser.

Aujourd’hui, nous sommes de plein-pied dans la bataille idéologique. Les leçons de l’histoire n’ont pas été tirées par certains au niveau politique, où les complaisances et rapprochements avec l’extrême droite se multiplient. Les attaques contre le syndicalisme dans certains médias sont inadmissibles ! Les représentants du patronat n’ont pas hésité à taxer la CGT d’extrémisme lorsque les salariés se mobilisaient pour dénoncer le 49/3 et les ordonnances présidentielles pour imposer la casse du code du travail. Le gouvernement de Monsieur Macron court au chevet du patronat qui se dit aux abois, alors que les dividendes versés aux actionnaires atteignent des niveaux record. Pendant ce temps la casse sociale s’alourdie, les pauvres sont de plus en plus pauvres.

Souvenez-vous que rien n’est acquis et que ce fut le Conseil National de la Résistance qui rétablit les congés payés acquis en 36 et le droit syndical. Ce même CNR qui fut à l’origine des retraites par répartitions et de la Sécurité Sociale, chère à tous les citoyens et défendue par Ambroise Croizat au nom de la CGT. Ces acquis obtenus de hautes luttes et aujourd’hui dénoncés par le MEDEF, lui-même aidé par le gouvernement MACRON.

Nous sommes solidaires et internationalistes lorsque nous nous battons pour faire valoir un droit international, le droit d’asile pour des dizaines de milliers de réfugiés, femmes, hommes et enfants, fuyant la guerre et les bombes ou voulant échapper à la misère. Il est du devoir des états européens, de la France, pays des droits de l’homme, d’accueillir ces réfugiés.

Cette année 2018, marque également l’anniversaire de la création du statut général des fonctionnaires, socle progressiste et référence sociale pour tous les salariés.
C’est pourquoi nous proposons des alternatives pour construire une société plus juste basée sur le progrès social.

C’est le sens de nos propositions : réduction du temps de travail, la hausse du salaire minimum, revalorisation du point pour les fonctionnaires, d’une sécurité sociale professionnelle, ce ne sont là que quelques exemples. La modernité, c’est cela et non le retour au 19ème siècle comme nous le propose le MEDEF avec le soutien d’Emmanuel Macron qui nous proposent de replonger 80 ans en arrière.

Dans ce combat contre l’oubli, nous devons féliciter le travail réalisé par l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé, Aincourt. Nous remercions l’amicale de nous confier leur drapeau pour cette cérémonie. Ce n’est pas le fruit du hasard, puisque la CGT était partie prenante dès l’origine de cette fondation. Un des dirigeants CGT de la Fédération de l’Energie, Léon Mauvais, qui s’évada du camp de Châteaubriant en juillet 1941 avec Eugène Henaff de la fédération CGT de la construction, sera le premier président de l’amicale. Quant à Eugène Kerbaul, il s’est déguisé en gendarme pour s’évader du camp, il a été un des fondateurs de l’amicale, et artisan de la mise en place du musée de la sablière. Au lendemain de la libération il deviendra le mari d’Odette. Ils étaient tous deux de grands résistants.

Plusieurs camarades de Bagnolet et des Lilas seront enfermés dans ce camp de châteaubriant, je ne peux pas tous les citer, mais les notes prises jours après jours par François Isaac militant communiste et cégétiste à la RATP au dépôt floréal, qui y fut interné, sont déposées au musée de la résistance, nous éclairent, sur la vie dans le camp et la solidarité.

Nous sommes persuadés que si nos camarades étaient toujours présents parmi nous, ils seraient à nos côtés pour combattre la régression sociale et les désastres du capitalisme.

Ils seraient à nos côtés pour défendre les valeurs d’une France libre, solidaire et fraternelle. Une France qui tend à perdre ses repères au profit de quelques-uns.
Honneur à celles et ceux qui se sacrifièrent pour qu’aujourd’hui nous vivions dans la liberté, l’égalité et la fraternité.

Merci de votre attention.

Une collation fraternelle, nous attend à la Bourse du Travail, elle est offert par la municipalité de Bagnolet